Etape 22 - New York - Promenade à Coney Island
Mardi 15 avril 2014 . Il est presque 18 heures quand on arrive enfin à Coney Island***. Avec le métro, impossible de se perdre. C'est bien simple, il faut descendre à la dernière station du métro en direction de downtown... Dès la sortie du métro, un froid glacial nous saisit. Le blizzard s'accentue et le crachin qu'il jette sur la promenade de Coney Island ne fait rien pour arranger les choses. "Tu sais quoi, ma p'tite Aurélie, je crois qu'on a eu une chance inouïe d'avoir eu du beau temps toute la semaine, parce qu'avec ce temps, pas sûr que notre séjour aurait été aussi agréable..." "Oui, mon p'tit Jean-Louis, ça fait au moins la quatrième fois que tu me le dis..." "Ah oui ?" Bon, ok, je me répète un peu, va falloir que j'aille consulter, moi...

Conséquence direct du froid de canard qui s'est abattu sur New York, le front de mer et sa promenade en bois qu'on voit dans tous les films de la mafia sont déserts... On est loin de la Coney Island populaire et familiale avec sa myriade d'enfants qui courent dans tous les sens en direction du parc d'attractions le plus célèbre de la Grosse Pomme. Tant pis, ce n'est pas grave. Je me rabats sur cet alignement de bancs qui font face à la mer et j'essaie de me souvenir des scènes de films où les mafieux italo-américains regardent la mer tout en décidant du sort de leurs ennemis... Pendant de longues années, le quartier était infesté de joueurs, d'ivrognes et de books.
18 heures, l'heure du drame... Aurélie saute devant mon objectif, j'essaie de la contourner par la gauche, j'accélère... et je m'éclate la gueule par terre ! Mon Nikon s'envole dans les airs, je le rattrape je ne sais pas comment, puis je m'écrase le nez dessus ! Ou plutôt le globe oculaire... Heureusement, mes lunettes m'ont protégé. Je reste un instant allongé par terre, le temps de respirer un grand coup et de vérifier si mon oeil gauche n'est pas resté sur les planches glissantes du boardwalk. Non, tout va bien. Sauf que je pisse le sang au niveau de la pommette gauche. "Ce n'est rien, Aurélie, tout va bien... J'ai bien cru que j'y avais laissé un oeil..." Autour de nous, un couple de retraités s'inquiète de mon état et me propose de me rendre chez eux pour me nettoyer ou d'appeler les secours. "No, thanks, it's nothing..." "Sure ?" "Yes, sure..." La vérité, c'est que je n'ai aucune envie de me retrouver dans un hôpital américain. Le prix des soins est exhorbitant et mes poches sont vides ! Et puis merde, ce n'est pas grand chose, juste jun peu de sang. "ça va, tu es sûr ?" "Oui, ma p'tite Aurélie, tout va bien." Du coup, je me relève, et on remonte encore le boardwalk à la recherche d'un café pour me nettoyer le visage. Petit coup d'oeil sur ma main gauche. "Eh Aurélie, tu crois que c'est normal, ça ?" Mon petit doigt de la main gauche se barre en sucette grave ! "Merde, je ne m'en suis même pas rendu compte ! Mais c'est cool, avec un tel écart, je vais pouvoir me mettre à la guitare..." Foutu boardwalk ! Les planches humides sont ultra-glissantes, et du coup je fais encore plus attention. Cent mètres plus loin, on se dégote une espèce de restaurant-boîte de nuit à consonnance russe. Pas étonnant, le quartier de Coney Island appartient désormais à la communauté russophone. Aucun hésitation, on passe l'entrée de la terrasse et on s'installe à une table. Un type à la gueule de tueur rapplique de l'arrière-salle. "Not here..." Ok, on suit notre Vladimir jusque dans la salle du bar et on commande un café. Un autre type flanqué à l'entrée me regarde avec un drôle d'air, du genre "copain-tueur qui en a vu d'autres pisser le sang." Ok, restons calme. Je file dans les toilettes me nettoyer la gueule, puis je reviens dare-dare vers Aurélie. Au-dessus de sa tête, une télévision d'un autre âge crache l'image de Poutine au milieu des icônes des saints orthodoxes. "Merde, mais où est-ce qu'on est tombé !" Aurélie lit dans mes pensées et éclate de rire. Le café est franchement dégueulasse et Aurélie hésite à le finir. Petit coup d'oeil vers le tueur à gages de l'entrée. "Aurélie, tu termines ton café, et on se tire d'ici..." Pendant ce temps-là, Vladimir nous explique qu'il n'est pas Russe, mais Géorgien. "Ah oui, parce qu'il y a une différence ?" Ok, je ferme ma gueule et j'avale mon café. "Ok, Aurélie, on s'en va..." A peine sortis de ce bouge immonde, on éclate de rires.
Ok, j'ai la gueule et le poing d'un boxeur, mais tout va bien. "Non, mais eh, oh !" Une fois dehors, on remonte le boardwalk dans le bon sens cette fois, en direction du parc d'attractions, et n'en déplaise au couple qui nous avait indiqué la mauvaise direction. Aurélie se charge des photos, histoire de voir si mon Nikon fonctionne encore après le coup qu'il a pris sur les planches... Apparemment, tout va bien. Ok, on continue. Il fait vraiment un temps pourri, le crachin cisaille le front de mer et le ciel bas et gris recouvre la baie de l'Hudson. Franchement moche et lugubre. Par contre, je préfère quand même la simplicité de la promenade aux allures criardes du boardwalk d'Atlantic City. Question d'authenticité sans doute...

Comme prévu hélas, le Luna Park*** est fermé. Créé en 1903, le parc était illuminé autrefois par plus d'un million d'ampoules et peuplé de chameaux et d'éléphants. La grande roue tourne ici depuis 1920, les montagnes russes du Cyclone depuis 1927. Le week-end, c'est l'endroit idéal pour pas mal de New Yorkais pour venir passer un moment en famille et avaler des hot-dogs. C'est d'ailleurs ici qu'il a été inventé en 1867 !

Bien, il est grand temps de retourner à New York. Le froid est intenable. Dernier petit coup d'oeil sur le Delicatessen où le hot-dog est roi. Allez zou, on reprend le métro, direction Times Square.
Petite soirée tranquille ce soir. Un dernier petit hamburger maison sur la 7e avenue, puis on dévalise les magasins de souvenirs. Eh oui, demain, on s'en va... Pfffff... A peine sortis des boutiques, il se met à neiger. Aurélie manque de s'envoler avec son parapluie ! Non, mais je te jure, passer de la douceur printanière à la neige hivernale en moins de 24 heures, je n'ai jamais vu ça ! Bon allez zou, on file au M&M's Store, puis on file manger. Ce soir, grande soirée karaoké avec une serveuse à la voix... cristalline !


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